Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/168

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entière ; car elle est aussi elle-même une divinité.

Observe les jours (34) d’après l’ordre établi par Jupiter, pour les apprendre à tes esclaves ; le trentième du mois est le plus convenable pour l’inspection de leurs travaux et le partage de leur salaire, lorsque les peuples rassemblés entendent les arrêts de la justice. Voici les jours qui viennent du prudent Jupiter : d’abord le premier de la nouvelle lune, le quatrième et le septième, jour sacré où Latone enfanta Apollon au glaive d’or. Le huitième et le neuvième du mois qui grandit conviennent aux affaires domestiques. Le onzième et le douzième sont favorables tous les deux, l’un à la tonte des brebis, l’autre à la récolte des joyeux fruits de la terre. Mais le douzième est bien préférable au onzième. C’est alors que l’araignée au léger vol file sa trame dans les airs, durant les grands jours de l’été, lorsque la fourmi ramasse ses provisions. Que la femme en ce jour prépare sa toile et entreprenne son ouvrage.

N’ensemence pas la terre le treizième jour du mois commencé ; ce jour n’est favorable qu’aux plantations ; le seizième leur est entièrement contraire ; il est propice à la génération des mâles, mais nuisible, soit à la procréation des filles, soit à leur mariage. Le sixième ne vaut rien non plus pour engendrer des filles, il est bon pour châtrer les chevreaux et les béliers et pour entourer d’une enceinte les bergeries. Ce jour est heureux pour la conception des enfans mâles ; il aime les injurieux propos, les mensonges, les paroles flatteuses et les secrets entretiens.

Le huitième jour du mois, tu peux châtrer les chevreaux et les bœufs mugissans et, le douzième, les mulets laborieux. Le vingtième, pendant les grands jours, tu engendreras un fils doué d’une âme sage et prudente. Le dixième est propre à la génération des hommes, le quatorzième à celle des filles. Apprivoise en ce jour les brebis, les bœufs aux pieds flexibles et aux cornes recourbées, les chiens à la dent dévorante et les mulets laborieux, en les caressant de la main. Le quatrième et le vingt-quatrième jours du mois qui commence et qui finit, songe à fuir les chagrins dévorans ; ce sont des jours sacrés. Le quatrième, conduis ton épouse dans ta maison, après avoir interrogé le vol des oiseaux ; tel est le meilleur augure pour l’hymen. Évite les cinquièmes jours qui sont funestes et terribles. Car alors on dit que les Furies parcourent la terre, en vengeant Horcus que la Discorde enfanta pour le châtiment des parjures. Le dix-septième, visite soigneusement les dons sacrés de Cérès et jette-les au vent dans une aire aplanie. Coupe les bois destinés à la construction des maisons et à l’armement des navires. Commence, le quatrième, à construire tes légers vaisseaux. Le dix-neuvième après midi est le jour le plus favorable ; le neuvième n’est nullement dangereux pour les mortels ; il est bon pour planter, propice à la génération, pour les hommes comme pour les femmes : ce n’est jamais un mauvais jour. Peu de personnes savent que le vingt-neuvième est excellent pour percer un tonneau, pour soumettre au joug les bœufs, les mulets, les chevaux aux pieds légers et pour lancer sur la sombre mer un rapide vaisseau à plusieurs rangs de rameurs. Peu de personnes l’appellent un jour d’heureux présage. Le quatrième, ouvre les tonneaux ; à midi ce jour est sacré par-dessus tous les autres. Quelques-uns regardent le vingtième au lever de l’aurore comme le meilleur du mois ; car le soir il devient défavorable.

Tels sont les jours utiles aux hommes (35) ; les autres sont indifférens ; ils ne présagent et n’apportent rien. Chacun loue tantôt l’un, tantôt l’autre ; mais peu savent les apprécier. La journée est souvent une marâtre et souvent une mère. Heureux, heureux le sage mortel qui, instruit de toutes ces vérités, travaille sans cesse, irréprochable envers les dieux, observant le vol des oiseaux et fuyant les actions impies !

FIN DES TRAVAUX ET DES JOURS.