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SYNÉSIUS.

C’est un grand effort de livrer toute son âme à toutes les ailes des célestes désirs.

Soutiens cet effort par l’ardeur qui te porte aux choses intellectuelles. Le Père céleste se montrera de plus près à toi, le tendant la main. Un rayon précurseur brillera sur la route, et rouvrira l’horizon idéal, source de la beauté.

Courage, ô mon âme ! abreuve-toi dans les sources éternelles ; monte par la prière vers le créateur, et ne tarde pas à quitter la terre. Bientôt, te mêlant au Père céleste, tu seras Dieu dans Dieu même.

II.

Encore la lumière, encore l’aurore ; encore le jour qui brille après les sombres ténèbres.

Chante encore, ô mon âme ! en un hymne matinal, ce Dieu qui a donné son éclat à l’aurore, qui a donné à la nuit ses étoiles, chœur harmonieux se déroulant autour des mondes.

Placé sur le feu le plus pur, l’éther a voilé la surface de la matière flottante, aux lieux où la majestueuse lune élève son disque d’argent.

Par de là la huitième sphère des cercles constellés, un espace dépeuplé d’astres, agitant en son sein des orbes qui se croisent en leur cours, se déploie autour de la grande intelligence dont les blanches ailes couvrent l’extrémité du monde céleste.

Dans les régions ultérieures, un auguste silence enveloppe les êtres intellectuels unis et pourtant séparés.

Une seule source, un seul principe brille sous une forme trois fois resplendissante. Là où se trouve la profondeur du Père, là se trouve aussi la splendeur du Fils, enfantement ineffable de son cœur ; là éclate encore la sagesse créatrice du monde, et la lumière de l’esprit saint qui resserre cette unité.

Une seule source, un seul principe produit une riche abondance de biens, un germe mystique puissant et fécond, et les splendeurs éblouissantes des bienheureuses substances.

Le chœur des ministres immortels, qui se rattachent de plus près au monde, célèbre en des hymnes mystérieux la gloire du Père et la personne du premier né.

Auprès de leurs créateurs bienveillans, les bataillons des anges qui ne connaissent pas la vieillesse, tantôt plongeant dans les profondeurs intellectuelles, contemplant avec admiration le principe de toute beauté ; tantôt regardant les sphères, régissent l’immensité du monde et abaissent l’éclat céleste jusqu’aux derniers confins de la matière où la nature affaissée enfante la troupe tumultueuse et rusée des démons. C’est du milieu de cet éclat céleste que s’élance le Fils, et que l’esprit, répandu autour de la terre, en a vivifié les parties et leur a donné des formes diverses.

Tout dépend de ta volonté ; tu es le principe des choses présentes, passées, futures, de tout. Tu es le père, tu es la mère ; tu es le mâle, tu es la femelle ; tu es la voix, tu es le silence ; tu es la nature féconde de la nature. Ô roi ! tu es le siècle du siècle.

Autant qu’une faible voix peut le proclamer, salut donc, salut à toi, centre des êtres, monade des nombres éternels, de ces rois qui n’ont pas de substance. Gloire à toi, gloire à toi, car en Dieu réside la gloire. Prête une oreille favorable à la jubilation de mes chants.

Révèle-moi la lumière de la sagesse ; donne-moi une glorieuse félicité ; donne-moi l’éclat brillant d’une vie tranquille ; écarte loin de moi l’indigence et le terrestre fléau des richesses ; repousse loin de mon corps les maladies et l’ardeur honteuse des passions ; repousse loin de mes jours les soucis rongeurs ; fais que les ailes de mon âme ne demeurent point retenues pesamment à la terre, mais que, prenant un libre essor, je puisse m’élancer dans les secrets divins de ton fils.

III.

Courage, ô mon âme ! entonne des hymnes sacrés, assoupis les ardeurs qu’enfante la matière, exçite les rapides élans de l’intelligence.

Au roi des dieux nous tressons une couronne, nous lui offrons une victime non sanglante, nous lui adressons des chants pour libation.

C’est toi que je célèbre sur la mer, toi que je célèbre dans les îles, loi que je célèbre sur