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JEAN-PAUL

Impossible ! Le médecin a déclaré ne pouvoir rien faire, et monsieur le Curé s’est hâté de lui administrer l’Extrême-Onction. Elle n’a pas donné signe de vie.

Le Père prononça cette dernière phrase avec un accent de piété et de profonde sympathie. Jean-Paul s’était levé, droit, pâle, les yeux égarés, les mains tremblantes, essayant en vain de balbutier des mots qu’il ne trouvait pas : « Je veux m’en aller, finit-il par dire, m’en aller tout de suite. » Le Père Supérieur le prit dans ses bras et le repoussa doucement vers la même chaise. « Dans le ciel ! Elle est dans le ciel, votre mère bien-aimée ! » Le pauvre enfant s’écroula comme un oiseau blessé : « Non, non, je ne veux pas, je ne veux pas » ! Mais sa voix se perdait dans des sanglots déchirants.

Le Père penché sur lui, le serrant dans une étreinte affectueuse, le laissa pleurer. Puis, quand il put se faire entendre, il lui dit : « Nous allons prier pour elle, tous les deux. Mettons-nous à genoux. » Jean-Paul se laissa glisser au bord du bureau, et saisit de ses mains nerveuses le crucifix d’argent que lui tendait le Père Supérieur ; mais il fut pris d’un nouvel accès de larmes. Tout seul, de sa voix grave, le Père récita le « De Profundis ». Demeurant à genoux, il ajouta une autre prière, sans doute pour le cher orphelin qui n’avait même pas eu la consolation de dire adieu à sa tendre mère.