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L’ÉPREUVE

S’étant levé, il tenta de parler encore à Jean-Paul, qui maintenant ne pleurait plus, mais restait là grelottant et secoué, par intermittences, d’un violent choc intérieur, comme un hoquet qui lui coupait la respiration. « Vous irez, dit le Père, vous reposer à l’infirmerie. Venez, je vais vous y conduire moi-même. Demain matin, vous partirez pour chez-vous. »

Jean-Paul se laissa coucher presque dans l’inconscience. Quand il fut seul et que les lampes se furent éteintes, il se retrouva avec un esprit plus lucide et plus capable de mesurer son immense malheur.

À travers le vide de son âme passait le portrait de sa mère. Il la revoyait dans toutes les positions : elle marchait autour de lui, elle s’asseyait, elle lui parlait. Et toujours, au fond du tableau, se dressait l’image du cadavre renversé dans la chambre, ou encore de la tombe exposée dans le grand salon. Alors, le cœur lui crevait de nouveau ; il pleurait, la tête enfoncée dans son oreiller. À la fin, épuisé de fatigue, il s’endormit d’un sommeil lourd, avec une respiration oppressée et de vagues plaintes qui s’échappaient de ses cauchemars.

Le lendemain soir, le Père Beauchamp, en arrivant au Séminaire, apprit la triste nouvelle.