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L’ÉPREUVE

authentique, à cette heure de suprême détresse.

Le Père Beauchamp, d’ailleurs, ne pouvait plus lire ; ses yeux s’étaient brouillés, en même temps que son cœur s’était ému. Il voulut répondre tout de suite.


Mon cher Jean-Paul,

Je viens d’apprendre votre grand deuil et je me hâte de vous adresser mes condoléances avec l’expression de ma plus paternelle sympathie. Pauvre enfant ! Dieu sait si je comprends votre épreuve et si je la partage ! Je n’essayerai point de vous consoler : vous avez bien raison de pleurer et je pleure avec vous. Mais vous ne pleurez pas, selon le mot de l’Apôtre, votre saint patron, « comme ceux qui n’ont pas d’espérance. » Les morts vivent, mon ami. S’ils meurent, ce n’est que dans le cœur des vivants. Le vôtre ne sera jamais le tombeau de votre mère. Elle s’en est allée, mais croyez-moi, elle demeure encore près de vous, pour vous protéger et pour vous conduire : elle vous parlera et déjà elle vous parle.

Ne tentez pas de pénétrer les desseins de la Providence. Peut-être fallait-il que votre mère s’en allât, pour revenir vers vous plus grande et plus puissante. Qui sait si elle n’a pas offert à Dieu sa vie, afin d’obtenir pour vous quelque grâce insigne ? C’est le rôle des mères de se dévouer et de se sacrifier, rôle sublime qu’elles accomplissent aussi bien là-haut que sur la terre.

Sans doute, le Ciel vous envoie un grand malheur. Mais ne sentiez-vous pas que le même Dieu, qui vous a