Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/161

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toi !… Non ! mais ce que tu es changée, depuis Saint-Cergues, c’est à n’y pas croire, ma chère ! Ainsi tu as parlé à m’man… qui t’a répondu ?…

— Rien, naturellement.

— Alors, – observa Bernard, judicieux, – c’était guère la peine de lui parler…

Il considéra sa sœur qui marchait vite, les yeux fixes, la bouche serrée. Une pitié le traversa, – sentiment rare dans une petite âme sèche :

— Ma pauvre fille ! – dit-il tout à coup ; – tu n’as jamais su t’y prendre pour vivre tranquille à la maison… Mais si tu te figures qu’en faisant la forte tête, ça te réussira mieux, je crois que tu le fourres le doigt dans l’œil !…

Il ricanait :

— On ne peut pas dire que p’pa et m’man soient souvent d’accord… Ils s’entendent tout de même assez bien pour taper sur toi… Et ils sont deux, ma chère, et tu es seule…

— Je sais ! – fit mademoiselle Dax, brusque.

Et elle songea, le cœur soudain très douloureux :

— C’est vrai !… je suis seule… toute seule !…