Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/271

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Elle restait assise cependant, épuisée, et, inconsciemment, attendant le destin. Elle pleurait toujours, la tête dans ses mains.

Un pas résonna dans le silence. Quelqu’un venait ; quelqu’un ; un homme inconnu ; – celui, peut-être, qui écrit ce livre ?…

Il arriva. Il marchait vite. Le collet de son pardessus était relevé, ses mains enfoncées dans ses poches. Il fumait une cigarette. Sans doute sortait-il de table, et allait-il au théâtre, ou au cercle, ou chez une maîtresse… Il passa tout près, vit la forme confuse effondrée sur un banc et s’arrêta intrigué :

— Qui est là ? – dit-il.

Il n’y eut point de réponse. Peut-être n’avait-on pas entendu… L’homme s’approcha davantage, et d’une main curieuse releva vers lui, doucement, le visage noyé de larmes.

— Oh ! – dit-il, – on a tant de chagrin que ça ?… Malgré qu’on soit si belle fille ?

La voix raillait un peu, mais très peu, et d’une raillerie bonne, souriante, presque tendre. Mademoiselle Dax leva ses paupières lourdes, et vit deux yeux bruns, attentifs, qui la regardaient avec sollicitude.

— Voyons, voyons !… Qu’est-ce qu’on vous a fait ?… Je devine : il a été méchant, il vous a quittée, il en a choisi une autre ?… une autre moins jolie que vous, je parie !… Eh bien ! écoutez : il faut lui rendre la monnaie de sa pièce ! il faut le tromper lui aussi !… Venez avec moi, on va arranger ça nous deux…