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chez les sauvages.

« Halte-là ! polissons !… On ne touche pas à mes arbres… ou sinon… »

L’homme agita son grand bâton ferré.

L’aspect de l’homme et sa subite apparition firent un tel effet sur Charlot et Mimile qu’ils reculèrent de six pas pour le moins.

Charlot en laissa tomber son sucre de pomme.

« C’est sans doute Mange-tout-cru, » murmura Mimile à l’oreille de Charlot.

L’homme étrange reprit :

« De quel pays êtes-vous donc pour croire qu’il est permis de couper les arbres qui ne vous appartiennent pas ? Vous êtes donc des sauvages venant du fond de l’Amérique ? Vous n’avez donc vécu qu’avec des bêtes féroces ou des bandits ?… Je ne sais ce qui me retient de vous frotter le dos avec ce bâton ; le tien surtout, vilain petit moricaud. »

Et l’homme étrange regardait Charlot en brandissant son bâton ferré.

À cette vue, Mimile oublia tout, sinon qu’il était le protecteur naturel des faibles, des opprimés et particulièrement de Charlot. Il dégaina son couteau en se mettant devant Charlot :

« Touche à mon cousin, si tu l’oses ! s’écria-t-il.

— Tais-toi donc ! lui dit vivement Charlot en le tirant par la manche.

— Laisse-moi faire, répondit Mimile, ou plutôt fais comme moi, et il verra à qui il a affaire. S’il croit que parce qu’il est le plus grand nous reculerons, il a tort, par exemple. »