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dans une île.

Le point noir, aperçu de si loin par les deux enfants, était bien réellement un bateau retenu à un vieux saule par une longue amarre, ce qui lui permettait de s’avancer sur l’eau et d’être visible à distance.

« Quel bonheur ! s’écria Charlot en battant des mains, nous allons enfin pouvoir traverser la rivière. »

Mimile, détacha la barque, l’attira à lui et s’y élança le premier pour tendre la main à Charlot.

Il y avait deux rames et une gaffe au fond du bateau. Mimile, qui avait appris à ramer à Paris, en compagnie de son père et de son oncle, dirigea l’embarcation avec tant d’adresse qu’elle gagna la rive opposée sans avoir beaucoup dévié de la ligne droite.

Charlot ne se sentait pas de joie ; il sauta le premier à terre, où Mimile arriva sur ses talons, traînant après lui l’amarre qu’il s’empressa de nouer au premier arbre venu.

« Nous y sommes !… s’écria Charlot, qui se voyait déjà en Amérique.

— Il faut nous remettre sans tarder dans la direction du sud-ouest, reprit Mimile d’un ton sérieux et en hâtant sa marche.

Immédiatement ! » répondit Charlot en lui emboîtant le pas.

Mais… ô stupéfaction ! ô douleur !… Ils marchaient depuis vingt minutes environ, quand ils acquirent la certitude qu’ils étaient dans une île, et ce qui était plus triste encore, dans une île complétement déserte.

Ils se regardèrent d’un air consterné. Leur seule ressource était de s’en retourner comme ils étaient venus. Il