— Mon pauvre Charlot, il faut nous cacher au plus vite, ou nous sommes perdus.
— Perdus !… répéta vivement Charlot.
— Dame ! il y a là dans les champs, pas très-loin de nous, une bande de vilains individus, conduits par un grand diable qui a l’air d’un voleur bien plus que d’un gendarme ; ils fouillent tous les buissons et regardent dans tous les trous. On dirait qu’ils nous cherchent.
— Si c’était la bande de Mange-tout-cru ? dit Charlot tout tremblant.
— Cela pourrait bien être, en effet, répondit Mimile.
— Qu’est-ce qu’ils feront de nous ? s’écria Charlot.
— Tu as bien entendu ce que disaient les hommes qui sont venus cette nuit frapper à la porte de la cabane où nous dormions. Ils disaient qu’ils nous feraient travailler dans les carrières.
— Quel malheur que notre île ne soit pas déserte dit Charlot, nous n’aurions eu personne pour nous tourmenter.
— C’est on ne peut plus vrai, dit Mimile ; mais tout seuls, nous aurions eu aussi bien de la peine à nous tirer d’affaire. Il n’y a pas de cocotiers dans cette île-ci, et puis Robinson avait de tout dans le vaisseau naufragé. Nous n’avons pas de vaisseau naufragé…
— Que faut-il faire » demanda Charlot en réunissant leur bagage épars sur l’herbe.
Mimile poursuivit :
« J’ai aperçu, du haut de mon arbre, un grand nombre de maisons, là-bas, derrière nous, plus loin que la rivière et tout près d’une forêt ; ce doit être un village.