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plus de bateau…

que nous avons vu suivre la piste de nos deux amis à leur sortie de la cabane de Mange-tout-cru, et qui s’était opposé si énergiquement à la construction de leur radeau, était assis à la droite du chef.

« Mille carabines ! s’écria alors Mange-tout-cru, voilà deux galopins qui nous font courir comme de vrais lévriers ! Ils n’ont pu se réfugier que dans cette île, et nous allons enfin leur mettre la main sur le collet.

— Je l’espère, lui dit son lieutenant. Mais nous ne les tenons pas encore. Ils sont futés, ces deux bambins ; ils pourraient bien avoir déjà pris la poudre d’escampette.

— Ils ne sauraient aller bien loin, dans tous les cas, car j’ai fait garder par nos hommes tous les chemins qui conduisent en Amérique, où tu m’as dit que les deux marmots avaient l’intention de se rendre. Une fois dans l’île, ils n’ont pu, sans bateau, se réfugier ni dans le village qui est là derrière, ni dans le château qui est sur la droite, ni dans la forêt qui est plus loin. Nous les tenons.

— Ah cà ! capitaine, tu tiens donc beaucoup à t’emparer de ces deux galopins ?

— Si j’y tiens ! D’abord, j’ai plus que jamais besoin de petits ouvriers pour exploiter ma carrière. Ensuite, j’ai appris par mes espions que ces deux marmots avaient fui la maison paternelle pour voyager à leur guise, c’est-à-dire pour vagabonder et ne rien faire d’utile, et que le gouvernement avait promis une forte récompense à qui les ramènerait morts ou vifs. L’avis du gouvernement est qu’il ne faut pas de paresseux dans le monde et que celui qui veut manger doit travailler.

— C’est juste, mais…