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découverte de l’amérique.

— Je voudrais aller en Amérique, répondit Charlot tout bas ; tu sais, dans le pays d’Harrisson.

— En Amérique ! Mais c’est très-loin, s’écria Mimile.

— Oui ! mais en marchant bien… et en courant un peu… répliqua Charlot. Nous irions tous les deux, et quand nous serions fatigués, nous nous reposerions. »

Cette fois, Mimile fit un saut de stupéfaction. Les rôles étaient intervertis ; pour la première fois qu’il avait une idée folle, le gros Charlot le dépassait de cent coudées.

« Mais, lui dit-il, nous ne pourrons peut-être pas revenir le soir même ; nos parents nous croiraient perdus, et ça leur ferait beaucoup de chagrin. »

Charlot garda un moment le silence, n’ayant pas songé tout d’abord à cette grave objection.

Il reprit enfin :

« Mais, d’un autre côté, si nous leur en demandons la permission, il est possible qu’ils disent non.

— Bien sûr, ils diront non, répondit Mimile.

— Et alors nous continuerons donc à rester toute notre vie enfermés dans un collège ? Il me semble, Mimile, que lorsqu’on sait lire, écrire, calculer et surtout nager comme nous, — car nous nageons très-bien tous les deux, — on sait tout ce qu’il faut pour très-bien voyager.

— Mon papa et le tien trouveront peut-être que nous n’en savons pas encore assez, répondit Mimile, à qui son âge donnait un peu plus de raison.

— Papa tient beaucoup à la géographie, reprit Charlot ; eh bien, je crois que le seul moyen de l’apprendre est de voyager.