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UN DRÔLE DE VOYAGE.

à mon cou… et que je plonge, elle se mouillera, et que, des deux façons, elle ne pourra plus nous donner l’heure ?

— Ce serait ennuyeux, ça, dit Charlot.

— Une idée ! dit tout à coup Mimile en faisant un entrechat ; je vais l’envelopper d’un mouchoir et l’attacher au bout d’une perche ; comme cela, je pourrai la tenir au-dessus de l’eau en nageant. Si nous avions eu le temps de faire notre radeau, ç’eût été plus commode ; mais ce brigand de Mange-tout-cru n’aurait qu’à revenir sur ses pas…

— Il faut éviter ça, dit vivement Charlot.

— Ah ! dame, nous serions pincés sans rémission. »

Mimile avait déjà coupé sa perche et solidement installé sa montre à l’un des bouts.

« Attends-moi là, » dit-il en fichant l’autre extrémité en terre.

Prenant alors un paquet de chaque main, il monta sur l’arbre, qui était, ainsi que nous l’avons dit, couché en travers de l’eau.

« Reste là, » dit-il à Charlot.

Et il se mit en marche.

Il avait l’air d’un acrobate au milieu de ses exercices.

Arrivé à l’extrémité du tronc d’arbre, il se campa résolument sur ses pieds et envoya l’un après l’autre ses paquets sur la rive opposée, qui ne se trouvait plus guère éloignée que de deux à trois mètres.

Il revint immédiatement sur ses pas pour chercher ses deux derniers paquets, qu’il expédia de la même manière.