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UN DRÔLE DE VOYAGE

Les mauvais garnements prirent aussitôt le large, heureux d’en être quittes à si bon compte.

« Sont-ils humiliés ! fit observer Mimile.

— C’est bien fait, reprit Charlot, car je suis bien certain que, si nous étions tombés dans la mare à leur place, ils nous y auraient laissés.

— Ça prouve que nous valons mieux qu’eux, et ce n’est pas dire grand’chose, malheureusement, dit Giboulot ; il serait triste qu’il n’en fût pas ainsi.

Voyons, reprit Mimile, il s’agirait maintenant de nous reposer pour tout de bon. Puisqu’il est arrêté que nous devons marcher toute la nuit pour passer plus facilement en Amérique, c’est bien le moins que nous reprenions des forces.

— C’est vrai, répondit Giboulot ; il faut en outre tâcher de nous reposer cette fois dans un endroit où personne ne puisse venir nous déranger, pas plus les rôdeurs que les gendarmes.

— La forêt n’est guère tranquille, dit Mimile.

— Ni guère sûre, ajouta Charlot.

— J’en conviens, répondit Giboulot. Je crois pourtant que j’ai notre affaire, et mon grand a été de n’y pas songer ce matin ; cela nous eût évité bien des ennuis. »

Il y avait dans un coin retiré de la forêt un ancien rendez-vous de chasse qui depuis fort longtemps tombait en ruines ; ce fut là que l’ex-gardeur d’oies conduisit ses deux compagnons.

« Voici notre auberge, dit-il en apercevant la masure à travers les arbres.

— Ça n’est guère beau, ton auberge, dit Mimile.