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UN DRÔLE DE VOYAGE

Charlot, se croyant déjà à l’abri de tout danger, ne put se retenir d’agacer un gros dogue qui se trouvait bel et dûment enchaîné devant lui.

Giboulot l’arrêta d’un mot dans cette vilaine occupation.

« Si la chaîne lâchait ! » lui dit-il.

Au delà des petits bâtiments dont nous venons de parler, et leur faisant immédiatement suite, se dressait un mur à moitié ruiné et qu’il fallait franchir pour gagner la campagne ; c’était le bon moyen pour sortir de la forêt sans s’exposer à de fâcheuses rencontres.

Giboulot triomphait, car, en éloignant les hommes qui pouvaient nuire à leurs projets, il n’avait pu compter que les chiens leur livreraient si facilement le passage.

Émerveillés d’un pareil dénoûment, Mimile, Charlot et Giboulot s’étaient élancés en même temps sur le mur et étaient sur le point de l’escalader, quand le dogue que Charlot avait taquiné, rompant sa chaîne par un violent effort, se rua à leur poursuite en poussant d’affreux hurlements.

À cette effroyable apparition, Mimile et Giboulot, comme s’ils eussent reçu un violent coup de fouet, avaient fait un dernier effort pour enjamber l’autre côté de la muraille et y étaient parvenus.

Mais Charlot, moins leste, n’avait pas réussi ; au lieu d’arriver à la crête, il était retombé lourdement au pied du mur.

Le dogue était à peine à dix pas, et, la gueule béante, il allait se jeter sur lui.

Le malheureux enfant, cachant sa tête dans ses mains et faisant face à la muraille, poussait des cris déchirants.