Après une minute d’un silence effrayant, le grand chef de la tribu des Nez-Rouges poussa un petit cri en lançant un léger coup de poing à la face de Giboulot.
Cela voulait dire en langue sauvage :
« Où se trouve le maître de céans ? »
L’ex-gardeur d’oies, qui n’avait qu’une notion imparfaite de cet idiome, se contenta pour toute réponse de s’incliner profondément.
Mimile et Charlot l’imitèrent.
« Je demande où est le Vieux-Chacal ? reprit le grand chef, roulant ses yeux d’une façon inquiétante en examinant l’un après l’autre nos petits aventuriers.
— Grand chef des Nez-Rouges, répondit alors Giboulot, j’ai l’honneur de vous apprendre que mon oncle, le Vieux-Chacal, est parti pour un voyage de quelques jours, et qu’il nous a confié, à mes petits frères et à moi, la garde de sa cabane.
— Ah ! ah ! c’est différent… Mais, dites-moi, vous a-t-il aussi chargés d’aller en guerre à sa place ?
— Il nous en a chargés, très-gracieux, très-illustre chef, répondit Giboulot d’un air aimable, et nous sommes tous trois prêts à vous obéir. »
Les trois amis s’inclinèrent très-bas.
« Très-bien, dit le grand chef. J’étais précisément venu pour le prévenir que nos ennemis de la tribu des Vilains-Museaux se préparent à descendre de leurs montagnes, au nombre de vingt-trois, pour nous réduire en poussière.
— Qu’ils viennent ! » s’écria Giboulot en s’inclinant, ainsi que Mimile et Charlot.
Le chef reprit d’un air calme :