Page:Fath — Un drôle de voyage, 1878.pdf/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
UN DRÔLE DE VOYAGE

« C’est après-demain la fête de Saint-Dévorant, leur patron, et ils répètent partout, je viens de l’apprendre, qu’il leur faut quelques guerriers de la tribu des Nez-Rouges pour alimenter leur festin patronal.

— Oui-dà ! Eh bien, nous verrons ! s’écria Giboulot avec une feinte colère.

— Oui, nous verrons ! poursuivit le grand chef, car en ce moment les plus terribles guerriers de notre tribu, réunis sur la place, se préparent au combat en mangeant du cœur de lion assaisonné aux pommes de terre, ce qui est le moyen par excellence de se donner du courage. »

Tout à coup, le grand chef s’interrompit pour renifler d’une manière épouvantable. Il regardait dans tous les coins de la cabane.

« C’est extraordinaire, dit-il après avoir terminé son inspection, il me semblait sentir ici l’odeur de la chair blanche.

— C’est une erreur de votre illustre gros nez, grand chef, » dit Giboulot en s’inclinant.

Mimile et Charlot se hâtèrent de l’imiter.

« Je sais ce que c’est, dit le grand chef, j’en ai mangé ce matin je suis trompé par cet agréable souvenir. »

Charlot, en écoutant cette confidence, regardait le chef avec une épouvante si visible, que Giboulot dut lui pincer le bras en manière d’avertissement.

Par bonheur, ledit grand chef tournait en ce moment sur ses talons pour aller terminer sa ronde.

« À propos, reprit-il en se ravisant tout à coup, il va sans dire que votre oncle, le Vieux-Chacal, vous a prévenus que les étrangers, avant de séjourner parmi