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les éprouves.

La foule, conduite par le grand chef et escortée des six chiens bleus, entraîna aussitôt nos petits aventuriers vers un large trou de la profondeur d’un puits ordinaire.

Le grand chef, se plaçant au bord du gouffre, dit alors :

« Neveux du Vieux-Chacal, regardez ce gouffre, il a quinze mètres de profondeur. On va vous bander les yeux, et au premier signal vous vous y précipiterez tous les trois ensemble. Si le grand sachem vous retient en l’air, ce sera tant mieux ; autrement vous en serez quittes pour quelques bosses et pour la honte d’être chassés à coups de fouet de la tribu des Nez-Rouges. »

L’inquiétude était grande chez nos amis ; une pareille épreuve ne pouvait être que mortelle. Il ne s’agissait plus d’une supercherie : un puits est un puits ; et un puits de quinze mètres n’est pas un puits où l’on puisse sauter pour son plaisir.

« Grand chef… essaya de dire Giboulot.

— Silence ! riposta brusquement celui-ci ; quiconque aspire à l’honneur d’appartenir à la tribu des Nez-Rouges ne doit craindre ni le feu, ni le fer, ni les précipices, ni les coups, ni la mort, ni rien !… Obéissez donc !… Vite, qu’on leur bande les yeux »

Dans l’impossibilité de s’enfuir, nos trois amis se serrèrent tristement la main en signe d’adieu.

Trois Nez-Rouges s’étaient avancés avec des mouchoirs qu’ils s’étaient empressés de fixer solidement sur les yeux des trois compagnons d’infortune.

« Très-bien ! reprit le grand chef, je vais frapper dans mes mains. Au troisième coup, ces trois gaillards--