un nom sinistre ; on l’appelait le garde-manger des Nez-Rouges.
Faute d’escabeaux, les infortunés s’étaient laissés aller à terre.
Charlot sanglotait dans un profond découragement ; il ne pouvait s’habituer à l’idée d’être mangé tout cru par des sauvages.
« Maman ! maman ! s’écriait-il dans son désespoir, où est maman ? »
Ses deux compagnons, s’ils ne versaient pas de larmes, n’en étaient pas plus gais.
« Ce qui nous arrive est tout à fait inattendu, dit enfin Mimile ; ça marchait si bien jusque-là ! car on peut avouer que les Nez-Rouges n’ont pas inventé la poudre, pas plus que la manière de s’en servir.
— C’était bien la peine de nous donner tant de mal pour en arriver là ! ajouta Giboulot.
— Maman ! maman ! répétait Charlot d’une voix déchirante.
— Si encore nous avions, disait Mimile, exterminé quelques lions avant de mourir, ça consolerait… Mais rien ! être pris comme des rats dans une souricière avant d’avoir pu s’amuser un peu. C’est un voyage qui finit mal, tout à fait mal.
— Il n’avait pas non plus trop bien commencé, gémit le pauvre Charlot.
— Ce n’est pas un voyage d’agrément, ajouta Giboulot.
— Ah çà, mon vieux Charlot, as-tu bientôt fini de te lamenter comme ça ? reprit Mimile, c’est impatientant ! »
Charlot sanglota plus fort en disant :