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UN DRÔLE DE VOYAGE

« Qu’est-ce qu’il peut voir qui lui paraisse si extraordinaire, demanda-t-il à Charlot, après ce que nous avons déjà vu ?

— Je ne voudrais plus rien voir, dit le gros Charlot, que des arbres à fruits inconnus.

— Qu’est-ce qu’il y a ? cria Mimile, à la fin impatienté, à Giboulot.

— Venez voir, répondit Giboulot, vous me le direz peut-être. Quant à moi, je ne sais pas ce que c’est. »

Mimile s’avança et tressaillit.

« Ce sont des singes, dit-il, mais des singes de la plus grande espèce, des orangs-outangs, ce qu’on appelle des hommes des bois ; il n’y a rien de plus fort et de plus dangereux.

— Ah ! mon Dieu ! Ah ! mon Dieu ! s’écria Charlot, il ne nous manquait plus que cela.

— Regarde-les, dit Mimile.

— Non, non, je ne veux pas les voir.

— Ce n’est pas en fermant les yeux comme une autruche qu’on peut conjurer un danger, lui dit Mimile.

— Qu’est-ce que tu veux ? dit Charlot, moi je ne suis pas un homme, je ne suis qu’un petit garçon, je ne sais pas encore conjurer les dangers.

— Quand on n’est pas un homme, lui dit gravement Mimile, on ne quitte pas sa famille, ses devoirs, sa patrie pour aller courir le monde et faire le métier le plus difficile que puisse entreprendre un homme, celui de voyageur, celui de coureur d’aventures.

« Si tu n’es qu’un enfant, — et tu pourrais bien avoir raison, — tu as eu grand tort d’abandonner le collège et