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UN DRÔLE DE VOYAGE

teau de pourpre asiatique, et son pantalon collant, qui faisait valoir les belles proportions de sa taille, était tout galonné de soutaches.

« C’est le général, dit Charlot.

— C’est le tambour-major, » dit Mimile avec plus de raison.

Qu’était devenue l’armée, la horde assiégeante ?

Ce n’est pas moi qui vous le dirai. Tout ce que je sais, c’est qu’au premier son qui lui avait révélé l’arrivée de l’armée des Francs-Cœurs, elle avait disparu, disparu comme les feuilles mortes disparaissent sous le souffle de l’aquilon.

Ce qu’il y avait de plus singulier encore, c’est que les sept Vilains-Museaux qui tout à l’heure encore semblaient attendre si tranquillement la mort sur le plateau, avaient, eux aussi, disparu. Comment et par où ? Je l’ignore, mais ils n’étaient plus là. Giboulot, Mimile et Charlot, occupés uniquement du spectacle inouï qu’ils avaient sous les yeux et dont toute l’attention était fixée sur le défilé que je viens d’avoir l’honneur de décrire, n’avaient plus pensé à eux et n’en savaient pas plus que vous et moi sur ce sujet. Le feu lui-même, étonné sans doute comme vous l’êtes, je le suppose, et comme l’étaient encore plus nos amis, avait oublié de brûler et s’était éteint subitement. Bref, l’armée des Francs-Cœurs, dont les sapeurs, — j’avais oublié de vous faire remarquer qu’elle avait une compagnie de sapeurs, — dont les sa peurs, dis-je, avaient en un clin d’œil fait une large route qui réunissait le carrefour au rocher, l’armée des Francs-Cœurs se rangea dans un ordre admirable, en face même