La vaisselle essuyée par Charlot était là, en pile, à côté des bottes qu’il venait de cirer.
« Ah ! ah ! dit le capitaine, voilà le travail de nos petits drôles. Diable ! diable ! ajouta-t-il en regardant les assiettes, tout cela n’est pas très-net. Quant à mes bottes, j’entends que demain elles brillent comme une glace, sinon… gare les coups de garcette ! Tu m’entends, maître Charlot ? »
Maître Charlot baissa les yeux pour toute réponse.
Le capitaine reprit alors, en s’adressant à Mimile :
« C’est toi qui as frotté toutes ces planches ? C’est très-bien, mon ami, on voit que tu as des dispositions ; en les cultivant douze heures par jour, tu finiras, j’en suis certain, par faire ton chemin sur mon bord et dans le monde.
— C’est mon espoir, monsieur le capitaine, répondit doucement Mimile en s’essuyant le front.
— À propos, reprit le capitaine, vous allez me remettre vos papiers ?
— Quels papiers, monsieur le capitaine ? demanda Charlot.
— Vos passe-ports, parbleu ! ou tout au moins une autorisation de voyager, signée par vos parents et légalisée par le commissaire de police.
— C’est que… balbutia Mimile.
— Oui, monsieur le capitaine, c’est que… murmura à son tour Charlot.
— Comment ! vous êtes sans papiers ? s’écria le capitaine avec une grande colère. Ainsi vous êtes venus ici pour vous moquer de moi ! ou pour me faire mettre à