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l’embarquement

Et il versa lentement de l’eau dans les timbales de ses convives.

Charlot et Mimile burent avidement.

« On ne vit pas pour manger, ajouta le patron en se levant, on mange pour vivre. Allons vite sur le pont, ça favorisera notre digestion. »

Le grand air et la vue de la machine à vapeur firent oublier peu à peu à nos jeunes voyageurs l’incident qui avait terminé le repas, le plus frugal qu’ils eussent fait jusqu’à ce jour.

La nuit étant venue depuis longtemps déjà, le patron fit transporter dans la salle où nous avons déjà conduit nos jeunes lecteurs les deux paniers remplis de paille où Mimile et Charlot devaient dormir pendant la traversée.

Ces lits improvisés semblaient avoir été faits pour les deux cousins. Ils s’y glissèrent sur l’ordre du patron.

« On est très-bien là dedans, bien mieux que dans un lit, n’est-ce pas, Mimile ?

— Certainement, répondit celui-ci.

— Eh bien, dormez, car demain il faudra travailler ferme.

— Est-ce que le bateau va partir ? demanda Charlot.

— À l’instant, » répondit le patron. Deux hommes dont on ne pouvait distinguer les traits, à cause de l’obscurité, s’étaient alors approchés du patron et lui avaient serré affectueusement la main.

« Soyez tranquilles, leur avait-il dit. Nous allons forcer la vapeur, et demain nous serons à V****. Tout est-il prêt dans la propriété de M. L**** ?

— Tout, fut-il répondu.