Page:Fath — Un drôle de voyage, 1878.pdf/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
une rude journée.

— En voilà un voyageur qui a peur d’une puce !

— Je n’en ai pas peur, mais ça me pique, ça me démange. »

Mimile, impatienté, sortit une seconde fois de son panier en disant à Charlot :

« Voyons, lève-toi. »

Charlot se dressa sur ses pieds.

Mimile se mit alors à lui frotter vigoureusement le dos avec son poing.

L’opération dura une bonne minute.

« Je suis certain qu’elle ne te piquera plus maintenant, lui dit-il.

— Tu crois qu’elle est morte ? demanda Charlot.

— Tu ne l’as donc pas entendue claquer ? dit gravement Mimile.

— Je n’ai rien entendu.

— Moi je l’ai entendue… Recouchons-nous. Bonne nuit ! »

Soit que Charlot fit erreur en se croyant piqué par une puce, soit que l’insecte existât et que Mimile l’eût véritablement tué, notre enragé voyageur finit par s’endormir, et par conséquent laissa reposer Mimile, qui ne demandait pas mieux.

Mimile, excellent enfant qui n’avait consenti à suivre Charlot que par intérêt pour sa santé, dormait paisiblement comme tous ceux qui ont la conscience tranquille. Charlot, au contraire, tout entier à son escapade, était, même en dormant, en proie à une agitation voisine du cauchemar. Il se mit à rêver qu’ils étaient arrivés en Amérique. Il traversait une grande forêt, et là, au pied