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un drôle de voyage.

Assez gênés au début de leur association, ils s’étaient enrichis par un travail persévérant et une stricte économie. Les deux familles n’en formaient qu’une. Elles demeuraient sous le même toit et prenaient leurs repas à la même table. Elles n’avaient point de maison de campagne, et passaient l’été à Paris pour ne pas négliger leurs affaires, qui nécessitaient une surveillance d’autant plus grande qu’elles avaient pris une importance extrêmement considérable.

« Le travail nous amuse, disaient-ils à leurs amis qui leur reprochaient de n’avoir pas un train de maison en rapport avec leur fortune, de ne pas quitter leur maison d’affaires et de n’avoir pas même une maison de campagne aux environs de Paris ; quand nous serons vieux, nous penserons au repos. Cela ne va pas tout seul, une maison aussi compliquée que la nôtre, et si nos fils étaient d’âge à nous suppléer, nous serions aussi aises que d’autres d’aller demander à la campagne un air plus pur que celui de Paris. »

Les deux frères avaient chacun un garçon et une fille.

Les filles, Louise et Dorette, plus jeunes que leurs frères, n’avaient jamais quitté la maison de leurs parents.

Les garçons avaient été placés tous deux en qualité d’internes au collège Chaptal, car ce qu’on voulait pour eux c’était une instruction industrielle et commerciale très-solide, qui leur rendît possible de prendre à un moment donné la suite des affaires de leurs pères.

Si M. Charlot et M. Mimile n’étaient pas les premiers de leur classe, ils n’en étaient pas non plus les derniers. C’étaient en somme des garçons intelligents. Le malheur