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une rude journée.

— C’est vrai, répondit Charlot en étouffant à demi un soupir.

— J’ai entendu dire qu’en voyage on était quelquefois obligé de manger des racines d’arbres, et tu comprends que j’aime encore mieux la cuisine du chauffeur, » reprit Mimile.

Charlot, grâce au bon exemple de son compagnon, se décida à expédier sa soupe. Il espérait bien se rattraper sur le rôti du second déjeuner.

« Dis donc, Mimile, reprit-il en se frottant l’estomac pour aider la soupe à passer, as-tu entendu le patron qui disait au chauffeur qu’il fallait apprêter les armes ?

— Je n’ai rien entendu du tout.

— Je l’ai entendu, moi ; mais je ne sais pas ce que cela veut dire.

— Dame ! on va peut-être livrer une bataille. Qui sait ?… En voyage, ça peut arriver tous les jours. »

Le chauffeur, quittant ses fourneaux, vint se placer tranquillement devant Charlot.

« Dis-moi, mousse, est-ce que tu aurais peur d’être tué, toi ?

— Moi ? répondit Charlot interloqué.

— Très-bien. Je vois que tu n’as pas peur.

— Je n’ai pas peur, répondit Charlot, mais Mimile est encore plus brave que moi.

— Est-ce vrai ? reprit le chauffeur en s’adressant à Mimile.

— Moi, je fais de mon mieux quand il le faut, dit tranquillement celui-ci.

— Tant mieux !… Autrement je vous aurais dit qu’il