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vît, accrochés à l’arrière du bâtiment, se précipitèrent sur le pont en poussant des cris furieux.

Les quatre premiers se jetèrent sur le patron et le chauffeur, qui, ne les attendant point de ce côté, furent pris au dépourvu et garrottés en une seconde.

En un tour de main les autres s’emparèrent de Charlot et de Mimile.

Tous deux, roulés dans de longs manteaux, furent jetés comme des balles de café dans le fond d’une barque sans qu’ils eussent pu pousser un seul cri.

Ceux qui les enlevaient ainsi nageaient à force de rames vers la rive droite du fleuve.

Dans le premier moment, nos petits voyageurs avaient, on le suppose bien, essayé de se débattre ; mais leurs efforts avaient été vite maîtrisés par une force supérieure.

« Le premier qui bouge, le premier qui se permettra de pousser un cri, leur avait dit le plus grand des assaillants, est un homme mort. »

Si ces procédés étaient fort humiliants pour de futurs tueurs de lions, on peut affirmer, de plus, qu’ils étaient souverainement désagréables.

Un sinistre silence planait sur cette terrible scène.

La barque fendait les eaux et filait comme un train : en quelques minutes, elle atteignit la rive sans encombre.

« Portez les prisonniers à terre ! » cria une voix farouche, inconnue aux deux enfants.

L’ordre fut vite exécuté, et les deux petits compagnons se trouvèrent étendus sur l’herbe.

« Emportez ces paquets et déposez-les à côté des prisonniers ! » reprit la même voix.