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la bataille.

Charlot et Mimile allaient en faire la dure expérience.

Ils n’avaient guère dormi plus de deux heures, quand ils furent réveillés en sursaut par des coups violents frappés à la porte de leur maisonnette.

« Ouvrez ! ouvrez ! » criait une voix aigre.

Les deux enfants s’étaient levés à moitié et écoutaient avec épouvante, se serrant l’un contre l’autre.

« Ouvrez ! ouvrez ! répéta la voix avec un accent plus impératif.

— Il ne faut rien dire, murmura Charlot ; c’est peut-être le sauvage qui veut rentrer chez lui.

— Ne bougeons pas, dit Mimile à voix basse.

— Tu vois bien qu’il n’y a personne, reprit une voix plus épouvantable que la première.

— Ce vieux brigand de Mange-tout-cru se donne donc les airs de découcher ? fit observer la première voix.

— C’est qu’il avait sans doute quelque mauvais coup à faire.

— Oui, j’y suis ; il m’a dit l’autre jour qu’il voulait entreprendre une tournée pour ramasser tous les petits vagabonds qu’il pourrait rencontrer.

— Qu’est-ce qu’il veut en faire ?

— Il veut en faire de petits esclaves et les forcer de travailler aux carrières, pour en tirer profit.

— Et s’ils ne veulent pas travailler ?

— Le vieux Mange-tout-cru n’est guère embarrassé de se faire obéir, vous le savez bien ; avec des coups, il les fera marcher.

— C’est un vieux brigand qui n’est pas commode.

— Après tout, puisqu’il n’est pas là, allons-nous-en.