Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peine eut-il entendu ces paroles de sa mère, qu’il étendit ses ailes et prit son vol dans les cieux. Bientôt il arriva chez les Nishâdas, affamé comme un autre Yama, qui met fin à la vie des êtres. 1336.

Alors, il fit sortir les Nishâdas de leurs humides séjours en soulevant une masse énorme de poussière, qui s’en allait toucher au ciel, tarissait l’eau dans le sein de la mer, et forçait à s’écarter les êtres, nés dans les basses terres et ceux qui naissent dans les montagnes. 1337.

Ensuite, le roi des oiseaux ferma le chemin des Nishâdas et leur offrit son bec immense pour seule voie : puis, les Nishâdas de s’avancer à pas hâtés du côté, où était embusquée la gueule du mangeur de serpents. 1338.

Aveuglés par la poussière et troublés par le vent, comme dans une forêt aux arbres secoués par l’ouragan, ils s’engagèrent tous ensemble et par milliers dans cette gueule ouverte aux dimensions outre mesure, tels que des oiseaux effarouchés dans le ciel. 1339.

Enfin le volatile aux grandes forces, destructeur de ses ennemis, ferma son bec, et le monarque affamé des oiseaux, secouant ses ailes, avala d’un seul coup ces pêcheurs de mainte espèce, hommes et bêtes, qui vivaient de poissons. 1340.

Mais, ajouta le Soûtide, il se sentit brûlé dans la gorge comme par un charbon allumé : c’était un brahmane arrivé avec son épouse au milieu du gosier : et l’hôte ailé des airs lui tint ce langage : 1341.

« Ô le plus grand des brahmes, ma bouche est ouverte, sors vite ! car je ne dois pas causer la mort d’un brahme, n’eût-il jamais d’autre plaisir que celui de satisfaire à ses vices ! » 1342