Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/233

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trouvé la mort ? Raconte-moi exactement cette infortune : je désire l’entendre suivant la vérité. » 1952.

Stimulés par lui de cette façon, reprit le Soûtide, tous ses ministres, qui avaient à cœur son bien et son plaisir, de lui raconter, sans rien omettre, la catastrophe du monarque : 1953.

« Le roi, ton père, à qui toute la terre obéissait, dirent les ministres, et qui était le plus distingué parmi tous ceux, qui maniaient les armes, eut toujours la passion de la chasse. 1954.

Le plus adroit des archers dans la guerre, comme Pândou aux longs bras, il déposait sur nous dans la paix toutes les affaires du royaume. 1955.

Un jour qu’il était allé dans les bois, il perça d’une flèche une gazelle et suivit d’une course rapide l’animal blessé dans une épaisse forêt. 1956.

Ton père était à pied, un cimeterre suspendu et la multitude de ses armes liée autour de lui, mais il ne trouva point au bois les traces de la gazelle, qu’il avait perdue. 1957.

Épuisé de fatigue, mourant de faim, accablé par l’âge, car il était parvenu à la vieillesse et comptait soixante années, il vit dans la grande forêt le plus vertueux des solitaires. 1968.

Le roi des rois interrogea l’anachorète, qui s’était voué au silence, et l’anachorète interrogé ne lui répondit pas même un seul mot. 1959.

À la vue de cet hermite, qui restait impassible devant lui, immobile comme un pieu et gardant son vœu de silence, le roi, que tourmentaient la fatigue et la faim, s’enflamma tout à coup de colère. 1960.