Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/234

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Et, comme il ne savait pas que l’anachorète s’était voué au silence, ton père, tout ému de sa mauvaise humeur, lui fit subir une offense. 1961.

Il ramassa avec le bout de son arc, ô le plus vertueux des Bharatides, un serpent mort sur le sol de la terre et le mit sur l’épaule de cet homme à l’âme pure. 1962.

Le sage ne lui dit pas une seule parole, ou bonne, ou mauvaise, et resta ainsi, portant le serpent à son épaule, sans aucune colère. 1963.

Ensuite, Indra des rois, après que le prince eut appliqué ce reptile mort sur l’épaule de l’anachorète, ajoutèrent les ministres, il retourna, exténué de faim, à sa ville.

Le saint avait un fils très-célèbre, d’une grande splendeur, d’une vigueur ascétique dévorante ; mais d’un naturel bien irascible : il était né d’une vache ; c’est pourquoi il avait nom Çringi. 1964-1965.

L’anachorète Çringi de temps en temps faisait une visite au brahme, lui rendait son hommage ; puis, congédié par lui, s’en allait çà et là. Il apprit un jour dans ses courses, 1966.

Et de la bouche d’un ami, que ton père avait naguère offensé le sien et jeté un serpent mort sur l’anachorète, impassible et muet comme un pieu ; 1967.

Que cet éminent ascète, le premier des solitaires, avait porté sur l’épaule un cadavre, et n’avait rien fait, ô prince, roi des rois, qui eût mérité cette injure ; 1968.

Que ce vieillard si pur, modeste, vainqueur des sens, toujours mortifié dans tous ses membres, admirable dans ses œuvres, à l’âme illuminée par la pénitence, aux actions pures, au langage pur, sans désir, bien réglé, fidèle à son vœu de silence, n’ayant jamais au cœur un