Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/450

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Sous le règne de ce prince, le plus vertueux des Kourouides et le suzerain, auquel obéissaient les rois des rois, la parole n’exprimait que la vérité et l’âme se portait d’elle-même au devoir et à l’aumône. 3985.

Le fils de Çântanou et de la Gangâ, l’ancien Vasou, nommé Dévavrata, était d’une telle beauté, de telles mœurs, d’une telle conduite, d’une telle renommée. Il ne goûta jamais la volupté dans les bras des femmes seize et huit années, jointes à huit et quatre autres ; il aimait à parcourir les forêts. 3986-3987.

C’était un héros à la grande force, à la grande âme, au grand courage, au grand char ; il était habile dans toutes les armes, il excellait sur tous les princes. 3988.

Poursuivant un jour sur les rives de la Gangâ une gazelle, qu’il avait blessée, le roi vit les eaux de la Bhâgirathî bouillonner tout à coup dans un certain endroit.

A cette vue, le roi Çântanou se mit à penser : « Pourquoi ce bouillonnement ? Ne serait-ce pas la plus belle des rivières, qui va m’apparaître à cette heure comme elle s’est montrée jadis ? » 3989-3990.

Ensuite, comme le magnanime en cherchait la cause, il vit sortir du fleuve un grand jeune homme, doué de beauté et d’un aspect charmant. 3991.

Il brandissait, comme le Dieu Pourandara, un arc céleste, et, dans une attitude héroïque, il couvrait tout le Gange de ses flèches acérées. 3992.

A la vue du fleuve tout voilé de ses flèches, à la vue de son action plus qu’humaine, le monarque resta devant lui saisi d’étonnement. 3993.

Le sage Çântanou n’avait pu voir son fils qu’un instant à l’heure, où celui-ci était né ; il ne s’en rappelait pas le