Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/600

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Vrisha, devenu roi, tint alors ce langage au noble rejeton de Kourou : 5416.

« Que te donnerai-je, tigre des rois, qui soit égal au don de ce royaume ? Parle, sire ! et je le fais à l’instant. » — « Ce que je désire, lui répondit Douryodhana : c’est une amitié sans borne ! » 5417.

A cette parole : « Qu’il en soit ainsi ! » s’écria Karna, tout joyeux. Les deux rois s’embrassent et goûtent une joie suprême. 5418.

En ce moment, la partie supérieure de son vêtement rejetée, couvert de sueur, le corps tremblant, la bouche ouverte, comme s’il criait, avec de longues anhélations, entra dans l’amphithéâtre Adhiratha. 5419.

À la vue du royal cocher, Karna, enchaîné par le respect, qu’il devait à son père, abandonne son arc et courbe sa tête devant lui, sa tête humide encore de la rosée du sacre. 5420.

Il couvrit avec émotion les pieds de son père avec un pan de son vêtement : « Mon fils ! » dit le cocher au héros, quand il eut accompli ce devoir. 5421.

Celui-ci embrasse tout ému de tendresse son fils adoptif, arrose de ses larmes, cette tête mouillée encore de la rosée du sacre dans la royauté d’Anga ; 5422.

Et son aspect inspirant à Bhîmaséna cette pensée : « C’est le fils d’un cocher ! » il adressa à Karna ces mots pour se moquer : 5423.

« Tu ne mérites pas l’honneur qu’Arjouna te tue dans un combat ! Prends, fils de cocher, prends vite un aiguillon ; c’est l’arme, qui sied à ta famille ! 5424.

» Ô le plus vil des hommes, tu n’es pas moins indigne de posséder le royaume d’Anga que le chien de goûter