Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 10, 1870.djvu/111

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lointaine de l’océan[1], combien plus un corbeau ? 1,022.

» Le cygne, après un instant écoulé de telle ou telle façon, ayant vu le corbeau tellement en arrière, n’eut pas la force d’aller plus loin. 1,923.

» Le cygne, qui l’avait dépassé, jetant ses yeux sur le malheureux volatile, eut cette pensée : « Ce corbeau, qui est venu si loin, tombe du ciel et fixe sur moi un regard suppliant. » 1,924.

» L’oiseau très-fatigué s’approche alors du cygne ; et celui-ci, le voyant, les forces ainsi défaillantes, se rappela le vœu d’un homme de bien et lui dit, en le retirant des eaux, où il était déjà plongé : 1,925-1,926.

« Toi, qui es instruit en de nombreux vols dans ce récit, que tu nous as fait mainte et mainte fois, de ce qui compose ton art de voler, tu ne nous as rien dit de celui-ci, qui est sans doute un mystère. 1,927.

» Comment s’appelle cette manière, dont tu voles maintenant ? Car voici, corbeau, que tu touches l’eau à chaque instant de tes ailes et de ton bec. 1,928.

» Parle ! quel nom donnes-tu à ce vol-ci, que tu fais maintenant ?… Reviens, corbeau ! reviens à toi promptement ! Je te sauve. » 1,929.

» Le malheureux insensé, qui touchait l’eau des ailes et du bec, répondit alors ces mots au cygne, qui le regardait d’un air moqueur ; 1,930.

» Brisé par l’impétuosité de son vol, épuisé de fatigue, tombant, l’oiseau qui ne voyait pas la rive ultérieure des eaux, dit ces paroles au cygne : 1,931.

  1. Samoudrasthâ, texte de Bombay.