autre manière, ô toi, qui es la joie de Kourou et le plus excellent des sages ! Telle est mon opinion. Les choses étant ainsi, mortel sans péché, pèse mes raisons et dis-nous toi-même ce que tu penses. » 633-634.
Youddhishthira lui répondit en ces termes :
« Nul autre n’est capable de dire ce qui fut dit par toi avec tant de sagesse ; car les doutes n’offusquent pas ton esprit et tu n’as point ton second sur la terre. 635.
» Les rois, chacun dans son palais, comblent de biens chacun les siens ; mais ils ne parviennent jamais à l’empire universel ; car le mot samrâdj, monarque du monde entier, ne va pas sans la peine. 636.
» Comment, toi, qui as la science de la plus haute dignité, pourrais-tu donner des louanges à l’intérêt personnel ?
Celui, qui est honoré, c’est l’homme, qui mérite des éloges, parce qu’il est doué du sentiment le plus élevé. 637.
» La terre est grande, multiple, couverte de pierreries variées : quand on a porté loin ses pas sur elle, on sait, incrément de la race des Vrishnides, distinguer le mieux du pire. 638.
» La sérénité d’âme est le plus grand bien, je pense ; que je doive la félicité à ma sérénité d’âme ; je ne veux pas d’une suprématie achetée par des conquêtes : c’est mon sentiment. 639.
» C’est ainsi que pensent les sages nés dans une noble race : que la suprématie appartienne un jour à qui que ce soit d’entre eux, Djanârdana ! 640.
» Le péril, dont vous menaçait Djarâsandha, la méchanceté de ce tyran nous a nous-mêmes frappés de crainte au moment, où tu en parlais, mortel éminent et sans péché.