Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 2.djvu/493

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
471
SABHA-PARVA.

» En vain multiplie-t-on ses vœux et ses jeûnes, Bhîshma : ce sont de stériles pratiques, en vérité ! quand on n’a pas de fils. 1460.

» Tu n’as point de fils, tu es vieux, tu suis un faux devoir ; tu recevras aujourd’hui la mort de tes parents, comme le cygne de l’apologue. 1461.

» Je vais te dire entièrement cette fable, si tu veux m’écouter, Bhîshma, telle que jadis elle me fut racontée par des hommes versés dans la science. 1462.

» Il était donc autrefois un vieux cygne, habitant sur les confins de la mer. Parlant beaucoup des vertus, n’en mettant guère dans sa conduite, il instruisait les oiseaux. 1463.

» Suivez le devoir ! ne quittez pas le devoir ! » Telles étaient les paroles que l’apôtre de vérité, Bhîshma, ne cessait de répéter aux volatiles. 1464.

« Les oiseaux, qui sillonnaient les eaux de la mer, payaient ses leçons avec des vivres, et les autres, Bhîshma, s’entredisaient : « Ce que nous entendons est l’essence même du devoir ! » 1466.

» Tous les oiseaux, sans exception, ayant déposé leurs œufs auprès de lui, s’en allaient, Bhîshma, sans défiance, plonger dans les ondes marines. 1466.

» Mais le scélérat de cygne, attentif à son affaire, mangea tous les œufs de ces imprudents volatiles. 1467.

» Certain docteur ailé, voyant détruites les pontes, tantôt des uns, tantôt des autres, se douta de la chose et le surprit un jour. 1468.

» À la vue de cette perfidie, l’oiseau, pénétré de la plus vive douleur, s’en fut dénoncer le cygne hypocrite à tous les volatiles. 1469.