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LE MAHA-BHARATA.

« Grand roi, tu fus jadis l’origine des richesses : si les dés sont maintenant le désir de ton cœur, si tu veux gagner les grandes richesses des Pândouides, triomphe ! Mais que te serviront ces biens, quand, tu auras aliéné de toi les fils de Prithâ ? 2118.

» Nous connaissons l’adresse au jeu du fils de Soubala : ce montagnard sait les tricheries, qu’on peut faire avec les dés. Que Çakouni s’en retourne au pays, d’où il est venu ! Rejeton de Bharata, n’attaque pas les fils de Pândou ! » 2119.

Douryodhana lui répondit en ces termes :

« Toujours méprisant les Dhritarâshtrides, la renommée de leurs ennemis fait toujours ta gloire. Kshattri, nous savons ce qui t’agrée, Vidoura, nous, que tu dédaignes sans cesse comme des enfants. 2121.

» L’homme, qui mêle le blâme dans la louange, fait voir ainsi qu’il a placé ailleurs son affection : ta langue met en évidence ton esprit, ton cœur, et montre l’opposition de ton âme contre ce qui vaut mieux qu’elle ! 2122.

» Tu es dangereux comme un serpent, qu’on réchauffe dans son sein ; tu ravis au royaume sa nourriture comme un chat ! Il n’y a pas de crime plus grand, dit-on, que le fratricide<ref>Le texte écrit bhartri, un époux. Il nous semble que la raison ici demande bhrâtri, c’est-à-dire, un frère.<ref>. Pourquoi, Kshattri, ne recules-tu pas devant le crime ? 2123.

» La victoire sur les ennemis est toujours accompagnée d’un grand fruit : ainsi, ne verse pas sur nous ces injures ! Tu brûles, Kshattri, de t’associer avec nos ennemis, et mainte fois déjà ton délire t’a poussé à la haine de nous.