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LE MAHA-BHARATA.

» Hâte-toi de choisir un autre époux, afin que le jeu ne t’ait pas apporté la servitude en partage. Ne pas garder son amour à son époux n’est jamais une faute dans l’esclavage, apprends cela ! 2381-2382.

» Nakoula, Bhîmaséna, Youddhishthira, Arjouna et Sahadéva ont tous été perdus au jeu : tu es devenue une esclave ; donc, Yajnasénî, ces gens, que d’autres ont gagnés, ne sont plus tes époux et tes maîtres. 2383.

» Le fils de Kounti ne sait donc pas que le courage et l’énergie sont pour causes dans la naissance, lui, qui put jouer aux dés en pleine assemblée cette noble fille de Droupada, le roi du Pântchâla ? » 2384.

À ces mots, Bhîmaséna, au comble de la colère, jetant de profonds soupirs, portant dans toutes les formes de sa personne l’expression de la douleur, mais docile à son frère et lié par les chaines du devoir, lui adressa ces paroles, en le consumant, pour ainsi dire, avec ses yeux enflammés de courroux : 2385.

« Ce n’est pas contre le fils du cocher que je suis en colère, sire ; c’est vrai ! nous sommes tombés dans la condition d’esclavage. Si tu ne veux pas que des ennemis me tiennent impunément ce langage, alors ne joue pas, roi des hommes, quand la chance est contre toi ! » 2386.

Aussitôt qu’il eut ouï ces paroles de Bhîmaséna, le prince Douryodhana de jeter ces mots à Youddhishthira muet dans la stupeur de son âme : 2387.

« Bhîmaséna, Arjouna et les deux jumeaux se tiennent sous tes ordres, sire, donne cette réponse à Krishnâ et dis-lui si tu penses qu’elle n’a pas été gagnée. » 2388.

Ces mots dits au fils de Kountî, il écarta son vêtement et, l’esprit aliéné par l’ivresse du pouvoir, il attacha, en