Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 2.djvu/602

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
580
LE MAHA-BHARATA.

Quand il eut retenu le guerrier aux longs bras, aux yeux rouges de colère, il porta ses deux mains réunies à la hauteur du front et s’approcha de son oncle Dhritarâshtra. 2432.

« Que ferons-nous pour toi, sire, lui dit-il. Commande-nous : tu es notre souverain. Notre désir, fils de Bharata, c’est de rester à jamais sous tes ordres. » 2433.

Dhritarâshtra lui répondit :

« Adjâtaçatrou, la félicité descende sur toi ! Jouissez d’un bonheur inaltérable ! Je vous donne congé ; allez avec vos richesses gouverner vos états ! 2434.

» Voici mon ordre, écoutez-le ! Vieillard, je dis en lui tout ce qu’il y a de plus grand, de convenable et d’heureux. 2435.

» Tu connais, Youddhishthira, mon fils, la voie très-délicate des vertus ; tu es bien élevé, prince à la grande science ; tu aimes à honorer les vieillards. 2436.

» D’où procède l’intelligence, de là sort la patience. Vas au bonheur, Youddhishthira ! Que la hache ne tombe pas sur ce qui n’est pas un arbre, mais qu’on la fasse tomber sur le tronc de l’arbre même ! 2437.

» Ceux qui sont des hommes supérieurs ne connaissent pas les haines, ils voient toujours les qualités et jamais les défauts, ils ignorent la discorde. 2438.

» Ils gardent le souvenir des services rendus et non du tort, qu’on leur a fait ; les gens vertueux font du bien à leurs ennemis, ils ne pensent jamais à la vengeance. 2439.

» Les hommes au dernier rang jettent dans la conversation des paroles mordantes ; les gens placés dans un moyen étage rendent à ceux qui leur ont parlé, Youddhishthira, une réponse amère. 2440.