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VANA-PARVA.

son cocher, le voyant évanoui, retira promptement du combat Pradyoumna, à l’aide de ses coursiers rapides.

» Le char, ce meilleur des chars, ne s’était pas encore écarté bien loin, quand le maître, revenu à la connaissance et saisissant son arc, adressa à son cocher ces paroles : 719-720.

« À quoi penses-tu, fils du cocher ? Pourquoi tournes-tu le dos au combat ? Ce n’est point là ce qu’on appelle le devoir des héros Vrishnides dans la bataille. 721.

» La vue de Çâlva dans ce grand combat n’aurait-elle pas troublé ton esprit ? ou la vue seule de cette bataille ne t’inspire-t-elle pas de la crainte ? Parle-moi avec sincérité. »

« DjanÂrdanide, répondit le fils du cocher, ni le trouble, ni la crainte n’ont pénétré dans mon esprit ; mais Çâlva est pour toi, je pense, une charge trop pesante dans un combat, fils de Kéçava. 722-723.

» Ce scélérat est fort ; aussi t’éloigné-je, héros, peu à peu du combat ; car le devoir du cocher est de sauver le héros, maître du char, qui s’évanouit dans la bataille. 721.

» C’est à moi de te sauver, seigneur, et mon salut est dans tes mains. On doit toujours sauver le maître d’un char ! me suis-je dit, et je t’ai éloigné du combat. 725.

» Tu es seul, fils de Roukminî, mais les Dânavâs sont en grand nombre ; j’ai pensé, guerrier aux longs bras, que c’était un combat inégal, et je me suis retiré. » 726.

» Tandis que le cocher parlait ainsi, rejeton de Kourou, le héros, qui a pour enseigne le makara, lui dit : « Retourne au combat. 727.

» Fils de Dârouka, ne recommence aucunement à faire cela ; je ne dois jamais, fils du cocher, sortir vivant de la bataille. 728.