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madeleine bouvart.

plus d’un ministre de ma connaissance, en revanche, à ses heures, il ne détestait pas de humer les parfums de la poudre. Depuis trois jours déjà, il flairait cette attaque ; mais son caractère indécis ne pouvait s’arrêter sur une certitude.

Madeleine Bouvart venait de la lui faire toucher, et, revêtant aussitôt son caban en fourrures et passant son épée, il se mit en devoir de sortir.

— Quant à vous, mademoiselle, dit-il, en lui offrant galamment le bras, je vais vous remettre aux soins bienveillants de madame Campbell, une brave femme qui se mettra en quatre pour vous.

Et comme sous la broderie de son dolman il sentait battre le petit cœur de Madeleine, il ajouta tout affectueusement :

— Vous qui avez été si brave, n’allez pas du moins vous effrayer du tintamarre de cette nuit. Nous ferons bonne et loyale garde ; puis, demain, s’il fait beau, en faisant la promenade, je vous montrerai comment on a su repousser les traîtres et les déserteurs du vieux drapeau anglais.

— Général, répliqua gravement Madeleine, soyez sans inquiétude sur mon compte ; une amie m’attend précisément dans cette maison blanche que vous voyez près du château St . Louis. Bonsoir, général.

— Bonsoir, mademoiselle, rêvez que nous avons la victoire et la paix.

Et le vieux général s’éloigna.