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dodo ! l’enfant !

pour ne plus nous arrêter qu’en face de la statue équestre de Constantin. Nous étions au Vatican, et ce fût l’âme joyeuse, le cœur léger, que nous passâmes entre les hallebardiers Suisses, et que nous montâmes l’immense escalier qui conduit à la salle des audiences publiques.

Une trentaine de personnes y étaient déjà réunies. C’étaient des prêtres, des religieuses, deux militaires, trois ou quatre bourgeois, un attaché d’ambassade, que sais-je, moi ? et mon œil se plaisait à errer curieusement de groupes en groupes, lorsqu’un bruit sec traversa la salle, et l’une des portes latérales s’ouvrit pour laisser passer trois prélats vêtus de violet.

Au milieu d’eux marchait un homme de haute stature, un peu replet, ayant le pas d’un officier de cavalerie, et portant droite et fière une tête resplendissante de calme et de paix intérieure.

Nos genoux fléchirent involontairement ; à sa soutane blanche, nous avions reconnu Pie ix.

Mais lui, d’un geste tout paternel, nous fit relever, et commençant par la droite, il adressa cordialement la parole à celui qui se trouva le premier sur son passage ; c’était un trappiste. J’étais du côté privilégié mais à la queue tout-à-fait près de la porte de sortie ; cela me donna le temps de songer que ma pauvre tête ne trouverait pas une seule parole à prononcer. Et pourtant il approchait, grand’mère, et à mesure qu’il s’avançait, j’entendais distinctement mon cœur battre comme un marteau de forgeron.