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à la brunante.

monde à contenir les touffes rebelles de ses cheveux blonds, qui, les curieuses, finissaient toujours par s’échapper de çà et de là.

Haussé sur le bout des pieds, il regardait passer toutes les merveilles du jour en poussant de petits cris d’admiration.

D’abord, ce fut Jacques Cartier vêtu de l’habit sombre du seizième siècle, le poing fièrement campé sur la garde de sa solide épée, rêvant encore aux jours lointains de Donnacona, présidant aux conseils de Stadaconé. Puis venait un char immense, d’où s’élançait un bosquet de sapins et de mélèzes. Ces arbres coupés dans leur sève, abritaient les débris de la nation Huronne qui, en grand costume de guerre, la figure tatouée, le tomahawk et le scalpel à la ceinture, semblaient défier ainsi dans notre bonne et pacifique rue Saint-Jean les antiques ennemis de leur race, l’Iroquois et l’Algonquin. Derrière la tribu Huronne, marchait fièrement une presse, emblème du progrès et de la civilisation. Elle était traînée par quatre chevaux blancs, richement caparaçonnés, et quatre typographes en bras de chemises, la feuille d’érable épinglée au gilet, ne cessaient d’imprimer et de jeter à la foule une belle chanson patriotique, faite pour la circonstance. Puis, tant que l’œil pouvait aller, on voyait s’enfoncer et disparaître sous l’arche de la porte Saint-Jean, maréchaux à cheval, bannières dorées et bleu-azur, drapeaux blancs, haches-d’armes et hallebardes,