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à la brunante.

Il le reçut le premier de l’an, et dès lors plus de joujoux, plus de ces chers bibelots qu’il aimait tant.

Sa pensée était ailleurs ; on eût dit que l’âme ne s’occupait plus de son enveloppe humaine, et le triste phénomène qu’un observateur profond et délicat, Jacques Auger, a constaté dans ses Papillons Roses, commença à s’accuser avec la plus foudroyante des rapidités.

Vous vous rappelez sans doute ce que ce poëte charmant et trop peu connu disait de ces petits êtres, malingres, souffreteux, rachitiques, « venus après plusieurs autres, » de ces « chérubins, suivant la formule des consolations mondaines, qui, sur leur lit, se consument d’une façon si étrange ? »

Eh ! bien, si vous ne vous en souvenez pas, il faut relire avec moi ce passage si navrant de réalisme : pour Charles il en fut ainsi :

« Pauvre petit ! Je m’étais un matin penché sur son berceau ; je contemplais sa face amaigrie et cette indéfinissable tristesse répandue sur ses traits singulièrement transformés.

Sa mère s’approcha de moi et me dit :

— Tiens, vois-tu, comme il se fait vieux ; ne dirait-on pas qu’il y a de la mousse sur ce visage jaune de cire ?

Il paraissait vieux, en effet ; il me semblait qu’il avait déjà passé à travers toutes les phases de la vie et qu’il était arrivé à la décrépitude en quatre mois ! »