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histoire de tous les jours.

remboursement d’idées qu’il ne saurait avoir, enverra carillonner à sa porte pour demander de la copie.

Le jour où sa réputation sera usée, où son cerveau desséché et aride ne produira plus rien, l’article à faire se fera encore.

Un autre aura remplacé l’assistant-rédacteur dans la machine, et le Drapeau de l’Union sortira plus frais que jamais.

Paul avait franchi en huit jours la distance qui sépare la correction des épreuves de l’article à faire.

Sa constitution, déjà façonnée au travail, ne souffrait pas trop de ce régime de forçat : la tâche se faisait à merveille, et M. Martineau frappait son gousset — signe de jubilation chez lui — en songeant à l’excellente acquisition qu’il venait de faire.

Lorsque la caisse chômait, le pauvre garçon avait bien à souffrir quelque peu les brusqueries du propriétaire, mais l’habitude en était venue d’autant plus vite qu’aux jours de liesse et de billion, il fallait — non moindre danger — endurer sans sourciller ses plus minutieuses confidences.

Tout allait donc pour le mieux.

Paul avait le nécessaire : Noémie de jolies robes, de beaux livres et son couvent à volonté, lorsqu’un matin le rédacteur de l’Étoile Libérale s’avisa de chercher querelle au Drapeau de l’Union.

Dans un de ses articles politiques Paul avait cru bon de dire :