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histoire de tous les jours.

les qualités et les faiblesses de son voisin. Mais pour que pareil malheur ne se renouvelle plus à l’avenir, j’ai l’honneur de vous donner ma démission d’assistant-rédacteur du Drapeau de l’Union.

Un geste péremptoire accompagnait ces paroles.

M. Martineau ne se méprit pas sur la nature de sa portée, et reprit le chemin de la rue, murmurant prudemment entre ses dents :

— Têtes chaudes que ces jeunes gens : les vieux ont beau leur montrer l’expérience, cela ne sert à rien. Mais laisse faire, un jour tu t’amortiras bien ! Rien n’assouplit mieux les idées que lorsqu’il faut manger.

Pendant les six mois passés au Drapeau, Paul avait, à force de miracles d’économie, réussi à mettre de côté une quinzaine de dollars. Avec cette légère somme, il paya ses dettes flottantes, solda une semaine d’avance à la pension, et se mit en quête de quelque chose à faire. Peu lui importait de voir saigner son orgueil blessé, pourvu que Noémie pût rester au couvent.

Huit jours se passèrent à battre le pavé sans succès.

L’historien, qui autrefois lui faisait copier des manuscrits, était prêt à lui confier de nouveau cette ingrate besogne. Il fallait néanmoins attendre le jour où s’écouleraient les 1000 premiers volumes de ses Illustrations Canadiennes, et cela promettait d’être assez long, car on avait à lutter contre un procédé très-ingénieux. Le rare acheteur prêtait