Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

342
les blessures de la vie.

— Le voyage du ministre ne sera pas long, ajouta-t-il, et il y a tout lieu d’espérer qu’à son retour il se rendra facilement à votre demande.

Le guignon poursuivait Paul ; il sortit tout ruisselant de sueur du département, fit à peine attention à un de ses collègues qui l’arrêta pour lui faire part d’une rumeur concernant certains retranchements projetés par une politique économique aux dépens des petits traitements, et retourna à sa mansarde laissant aux soins d’un camarade le service de la journée.

Noémie était immobile sous sa courte-pointe blanche. Les symptômes de la maladie s’aggravaient avec une rapidité inouïe et elle entrait en agonie.

Bientôt la petite toux sèche, qui s’était manifestée dès le début, cessa ; elle ouvrit lentement les yeux, les referma, poussa un soupir et avec lui la joie, l’amour, la vie, tout ce que Paul aimait sur terre partait pour les cieux.

Dans un coin Mademoiselle Jeanne sanglottait.

Seul au pied de ce lit désolé, les lèvres collées sur le crucifix qui avait reçu le dernier baiser de la mourante, Paul était tombé agenouillé.

En échange de l’espérance, Dieu avait daigné lui envoyer la résignation.