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belle aux cheveux blonds.

de terminer, au mois de juillet précédent, son cours d’études classiques au collège de Terrebonne où l’un de ses oncles était directeur, et comme, malgré les conseils du bon abbé, il n’avait pu se résoudre à suivre l’état ecclésiastique, ses idées tâtonnaient à la recherche d’une vocation, sans pouvoir se fixer sur aucune, si ce n’est sur les yeux bleus de sa cousine Rose qui en ce moment lui disait doucement :

— Vous paraissez tout triste ce soir Jules ; est-ce que vous ne seriez pas décidé à suivre les avis que vous a donnés mon père ?

— Faire mon droit ! mais vous n’y pensez pas, ma bonne Rose ! ce serait se mettre au cou un franc collier de misère. Où prendre l’argent pour faire face aux premiers déboursés indispensables, puis est-il certain que l’on puisse toujours battre monnaie, affublé d’une robe d’avocat ? Trop souvent, hélas ! elle ne couvre les épaules que d’un piètre agent d’affaires véreuses, ou d’un maigre courtier de toutes sortes de choses. Et le vrai talent que fait-il ? Regardez Joseph Landry, l’ancien amoureux de Jeanne Mercier ; il végète à Montréal depuis tantôt trois ans, vainement désireux de s’attacher une clientèle récalcitrante, en dépit de tous les diplômes universitaires possibles, et bien que la pauvre Jeanne l’attende toujours. Oh ! non, Rose, je vous en prie ; n’insistez pas sur ce sujet, car le droit m’effraie avec tous ses déboires, toutes ses responsabilités, et, dois-je le dire, avec toutes ses injustices !