Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

51
belle aux cheveux blonds.

Rose envolée, aucun attrait ne retenait Jules au logis de l’oncle Bernard, et il s’achemina tranquillement chez lui par un de ces froids piquants que produisent toujours les gelées blanches de septembre.

De son garni il vit les lumières de la fête s’éteindre une à une.

Seule une veilleuse tremblotait toujours dans la chambre de Rose.

Longtemps, malgré la fraîcheur de la nuit, il se tint la figure collée aux vitres, épiant et cherchant à deviner ce qui pouvait tenir la rieuse cousine éveillée : mais de chez lui on n’entrevoyait pas de face la fenêtre de Rose, et, lassé de l’inquiétude qui commençait à le gagner, il prit le parti de s’envelopper dans son épais capot d’étoffe du pays, et d’arpenter philosophiquement le chemin du roi, en face de la maison de l’oncle Bernard, décidé à ne s’en aller qu’avec l’agaçante lumière.

Mais à peine mettait-il le pied sur le seuil que quelqu’un se prit à chuchoter auprès du balcon de Rose.

Jules se rappelait avoir souvent entendu cette voix, mais par cette nuit obscure il était impossible de la donner à une personne connue, lorsque tout-à-coup la porte, en s’ouvrant, inonda d’un jet de lumière la douce et sainte figure du curé de la paroisse. Elle était à demi-cachée par les bords de son large chapeau, et ses deux mains jointes semblaient dissimuler quelque chose sous la longue houppelande noire passée frileusement par-dessus sa soutane.