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belle aux cheveux blonds.

là le temps ou jamais de placer ce célèbre chant du fossoyeur, que je composai en un jour de folle gaieté.

Je fis des mines, car il y avait une rime qui clochait.

Cercueil et linceul se marient fort bien au fond d’une fosse, mais pas en poésie, paraît-il.

Malheureusement, Augustin n’était pas né puriste :

Il entonna.

Vous savez, ça va sur un air inconnu, et il y a refrain :


LE CHANT DU FOSSOYEUR.
I.

Les morts pour moi sont bonne aubaine :
Il m’en vient par toute saison.
J’en crèverais bien à la peine,
S’il fallait compter ma moisson.
À moi, la pâle fiancée !
Houp ! mes cordes sous ce cercueil !
Couche-toi là, ma trépassée.
Dors en paix sous ton frais linceul !
     Et puisque la besogne est faite,
     Vite ! buvons un petit coup !
     Cela vous met le rire en tête,
     J’ai soif, et j’ai creusé mon trou !

II.

À moi le pauvre ! à moi le riche !
À moi la mère ! à moi l’enfant !
À mon jeu personne ne triche.
Celui qui gagne est le perdant.